Bonjour Alice et merci pour votre contribution à Designeuses.fr 🙂 Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Alice Bouchardon, j’ai 23 ans, j’ai été diplômé en juin dernier en master 2 de l’école IntuitLab Paris. Aujourd’hui je travaille chez Mazarine où j’ai réalisé mon alternance l’année dernière et où je continue aujourd’hui. Mazarine est une entreprise spécialisée dans les marques de luxe. Elle est très complète, il y a par exemple le pôle numérique, la publicité… pour ma part, jes suis dans le pôle design. Les différentes marques sur lesquelles je travaille sont par exemple le Ritz (sur sa nouvelle identité), C by Chloé et actuellement moment je travaille pour un palace et une mine d’émeraudes.
Quelle est votre méthodologie de travail sur ces projets ?
Je travaille surtout sur l’identité, le logotype, le packaging et même si pour l’instant je suis directrice artistique junior, je travaille sur la globalité des projets. Pour ce faire, je suis très bien entourée par ma directrice de création et mes collègues. Je suis formée tous les jours, j’apprends énormément et régulièrement j’organise des points créas avec les différents créas, stagiaires, etc. Nous fonctionnons vraiment par étapes : une fois que le brief est analysé, on réalise des moodboards, des concepts, on part dans des axes différents. J’essaye toujours d’avoir trois propositions que je fais valider par ma DC (directrice de création). Une fois le choix réalisé, nous travaillons sur l’ensemble du projet et sur ses déclinaisons. Une fois ce travail réalisé, ma DC réalise les présentations clients. Je suis encore un peu trop jeune pour le faire moi-même mais cela finira par arriver.
Vous avez été diplômée il y a quelques mois après cinq années d’études dont une prépa intégrée. Dans ces cinq années, y a-t-il un projet qui vous a particulièrement marqué ?
Pendant mes études, les projets dans lesquels je me suis le plus investie ont été les projets de diplômes. Nous avons eu par exemple à réaliser des re-branding ou encore des problématiques d’édition. Sur le re-branding j’avais notamment travaillé sur le restaurant Louchébem et plus tard, sur la marque Casio, une marque bien plus important. Ce projet sur Casio a été très difficile pour moi, j’ai totalement échoué et j’ai dû tout refaire en trois jours pour ma soutenance de diplôme que j’ai obtenu avec mention ! Habituellement, je suis quelqu’un qui fait tout très en l’avance et je m’organise plutôt bien mais j’ai été destabilisée par mes professeurs qui m’ont fait remarqué que mon discours graphique n’était pas assez clair. J’ai donc tout repris à zéro et au final, cela m’a donné beaucoup de confiance en moi.
Depuis que vous avez été diplômé, y a-t-il un projet qui vous donne de l’espoir et de l’énergie pour la suite de votre parcours ?
Photoshop ! J’ai récemment réalisé une commande d’illustration pour Adobe, c’était la première fois que cela se passait. J’ai reçu un e-mail d’une américaine qui voulait m’appeler. Elle voulait connaître mon travail et à la fin de la conversation, elle m’a dévoilé qui elle était et son idée de projet pour les 25 ans de Photoshop. Elle m’a dit que mon profil leur avait bien plu. Puis quelques mois plus tard, elle me rappelle pour me dire que j’allais donc pouvoir créer une illustration mais égaelement aller à Los Angeles pour Adobe Max.
Cela devait être un moment exceptionnel pour vous ! Justement, dans votre quotidien, comment se déroule vos journées ?
Je travaille tous les jours chez Mazarine sur différents projets en même temps. Sur le côté identité visuelle, je réalise principalement un travail de direction artistique et de création mais également de packaging. Généralement, ce sont deux ou trois projets que je mène de front, ce qui me permet de toujours être stimulée mais aussi de prendre du recul. Souvent je redécouvre un projet que j’ai laissé quelques heures auparavant et j’y apporte ainsi un oeil neuf. Enfin, une fois ma journée terminée, je ne travaille pas très souvent le soir, je préfère m’y mettre le week-end notamment sur le travail que je réalise avec mes deux camarades pour notre tout jeune collectif « OUAM » (pour « Only us and more »). C’est très important pour moi d’avoir différents projets, à l’agence et parfois à l’extérieur, c’est très complémentaire.
Maintenant que vous êtes dans la vie active (et très active!) quel message voudriez-vous donner à la personne que vous étiez lors de vos études ?
Je m’encouragerai énormément pour mon diplôme comme l’a fait mon tuteur afin d’aller jusqu’au bout, de repousser mes limites, de ne surtout pas m’arrêter au premier jet, à ce qui est « bien et dans l’air du temps » pour sortir de son cadre. J’aimais bien faire des choses assez haut de gamme et avec le projet Casio, j’ai pu sortir de cela, expérimenter dans tous les sens. C’est aussi cela qui m’a perdu pour mon diplôme par moment mais c’était nécessaire.
Vous faites également du packaging, pourriez-vous nous dire quelques mots à ce sujet ?
En France, nous sommes vraiment en retard dans ce domaine. J’ai vraiment l’impression que lorsque l’on va dans des pays du Nord de l’Europe ou en Angleterre, la différence de mentalité du design se ressent aussi sur le packaging. Par exemple Marks & Spencer en France se fait vraiment remarquer par la beauté de ses produits, de ses emballages également. Un autre exemple soulignant cette différence culturelle c’est avec Tropicana qui avait re-brandé toute sa marque mais qui a dû faire marche-arrière car les consommateurs français ne s’y retrouvaient plus dans toute cette nouveauté, cette modernité. Le design graphique n’est pas encore assez reconnu en France, c’est vraiment dommage. Des exemples qui fonctionnent également bien reposent aussi sur le décalage dans le discours. Je pense notamment aux marques comme « Le Slip Français » ou encore « Michel & Augustin » ou encore les jus « Innoncents ». C’est vraiment vers ce genre de marques que je me dirige. Les clients que j’ai en freelance me confortent dans cette idée puisque c’est également ce genre de packaging qu’ils recherchent. Ces packagings rendent le consommateur plus curieux selon moi, il en apprend plus sur la démarche de la marque.
Alice, quel sont vos prochains grands projets ?
Il y a évidemment tout les beaux projets que j’ai chez Mazarine mais également tout le travail d’identité de OUAM à réaliser. À côté de cela, j’ai en tête de réaliser un jeu de memory avec tout un travail d’illustrations mais également des projets de céramique. Affaire à suivre !
C’est l’heure de la question mystère : « Dans votre métier, qu’est-ce qui vous inquiète au quotidien ou pour l’avenir de la profession ? »
Bonne question ! Ce qui me fait peur c’est si il est possible de faire ce métier toute la vie. Je ne vois pas beaucoup de gens agés dans ce métier autour de mois ou parfois ce sont des gens qui ne savent plus se servir des outils logiciels. Peut-être devrons-nous un jour changer de carrière ? Pour l’instant, tant que nous sommes jeunes, nous sommes habités aux changements, on a connu les disquettes puis aujourd’hui il est possible d’apprendre très facilement avec Internet, mais pour plus tard, j’imagine quand même rester dans la création mais peut-être sous d’autres formes. Je pense que l’on manque encore de recul sur notre métier… Mais cela évoluera, j’en suis sûre !
Merci Alice !