À la découverte de Julie Stephen Chheng, designeuse de talent aux éditions Volumiques. Elle nous dévoile son travail entre couleur, simplicité et technologie.
Bonjour Julie ! Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bonjour, je suis Julie Stephen Chheng, graphiste et designeuse. J’ai fini mes études il y a trois ans à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris en section image imprimée et je suis maintenant basée aux éditions Volumiques, où se trouve mon atelier.
Comment travaillez-vous ? Avez-vous certaines techniques, quels outils utilisez-vous ?
J’aime beaucoup écrire des histoires et créer des univers graphiques, j’essaye donc de mêler les deux à travers des livres objets, entre papier et numérique. Ce sont en quelque sorte des ouvrages mi-livres mi-applications. Mes techniques sont assez vastes, j’ai même travaillé sur un court métrage en animation. Pour résumer, je travaille principalement sur des projets divers qui mêlent les univers graphiques et numériques. J’ai étudié l’illustration, le design de livre et la sérigraphie, mais également le travail des couleurs et du dessin. Ces techniques sont donc devenues mes outils principaux. Je fais également beaucoup de prototypes sur iPhone et tablette avec des applications assez simples comme Junaio et Metaio (logiciels de réalité augmentée).
Lorsque vous étiez étudiante, quel a été le projet qui vous a le plus marqué ?
En y repensant, c’est très certainement le workshop le plus court que j’ai eu à faire. Il a duré 3 jours et c’était en présence de Katsumi Komagata. J’étais alors en 5e année mais j’avais décidé de rejoindre discrètement mes camarades de 4e année pour le faire. Le sujet était passionnant, il fallait concevoir un livre pour les personnes ayant un sens en moins (aveugles, sourdes, etc.)
Je me rappelle avoir fabriqué un livre pour les aveugles avec des papiers découpés. C’était plutôt une maquette à l’époque mais c’est un projet qui m’avait marqué car il était simple. J’avais déjà l’idée en tête quand j’ai fait le prototype. Une bonne idée, simple et qui fonctionnait. Il fallait juste suivre du doigt les découpes et l’utilisateur comprenait tout de suite l’histoire du livre. Enfin, le fait de travailler avec Komagata était un honneur pour moi, c’est un grand designer.
Racontez-nous votre dernière belle réussite
Les aventures du petit train postal était un projet assez risqué puisque je ne savais pas réellement si le principe des cartes postales pouvait plaire. J’ai conçu un système de papier découpé avec de la réalité augmentée visible au travers d’un smartphone et je me demandais alors si cela pouvait plaire au public, s’il était prêt à l’acheter. Et bien la réponse était oui ! Beaucoup de personnes ont aimé l’idée, l’ont soutenue et je considère vraiment cela comme une réussite. Le fait de se sentir soutenue et d’avoir la confiance de chacun m’a vraiment rassuré dans l’élaboration d’un tel projet.
Justement, quelle a été la durée de réalisation du projet du Petit Train Postal ?
Ce projet a commencé avec mes cartes de vœux de 2015. Au départ c’était les mêmes combinaisons de cartes mais avec du papier fluo. Puis, en janvier je me suis amusée à faire de la réalité augmentée avec, sauf que le papier fluo reflétait la lumière, ça ne marchait donc pas très bien. Peu de temps après, le hasard a fait que pendant un mois j’ai pu avoir du du temps libre et j’ai donc retravaillé dessus avec les conseils de mon amie Amélie qui m’a dit de mettre d’avantage l’accent sur l’idée de la correspondance. C’est à ce moment que j’ai conçu la petite enveloppe et le design qui en suit. J’ai également travaillé le côté ludique de cette idée puisqu’elle peut être un jeu pour enfants. J’avais d’ailleurs fait un atelier à la Gaîté Lyrique et ils avaient adoré. Au final, ce projet a rassemblé presque trois mois de travail, ce qui est très rare car j’ai l’habitude de travailler sur des projets beaucoup plus longs.
En plongeant dans vos souvenirs, y a-t-il un projet auquel vous apporteriez un autre regard aujourd’hui ?
Les aventures d’un village est un livre qui est à la fois simple et compliqué. Imaginez, une planche de papier avec de nombreux plis à l’intérieur. Cela donne vraiment un livre inspiré des livres dont vous êtes le héros. Selon le pli que vous choisissez, la narration de l’image globale change et vous pouvez choisir dans quelle direction vous vous dirigez. Comme la pochette a été sérigraphiée à la main (nous avons fait une centaine d’exemplaires) je n’ai pas pu réellement insérer d’indications. Hélas, comme il n’y pas de texte pour expliquer le procédé, je pense que l’utilisateur risque de ne pas toujours comprendre. Même si le nombre de tirages est très restreint et n’a pas beaucoup d’impact, je pense qu’il faudrait apporter une modification afin de le rendre compréhensible à tous les publics.
C’est l’heure de la question « hasard », vous avez tiré la carte n°3 : Quelle est votre typo préférée ? 😉
En réfléchissant bien, je dirais que la typo la plus liée à ma personnalité c’est la Chino, elle est élégante et ludique à la fois.
Enfin, pour conclure, quelle serait la prochaine designeuse que nous pourrions interviewer ?
Je pense à une amie à moi qui s’appelle Marion de Raucourt et qui travaille chez Givenchy en ce moment, elle a beaucoup de potentiel et elle est très talentueuse !
Merci Julie !