Bonjour Jacinthe ! Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bonjour, je suis Jacinthe Busson, j’ai fait mes études en Arts appliquées à Orléans puis en communication visuelle à Nevers. Je suis venue à Paris pour me concentrer sur le web design en commençant par un apprentissage chez Mondomix. J’ai poursuivis mon expérience chez plusieurs annonceurs et agences comme par exemple Heaven : j’étais dédiée à Microsoft pour Messenger et MSN à l’époque bien avant l’arrivée de Facebook (rires). En parallèle je tenai un blog qui s’appelle Ergophile qui traite de l’ergonomie web et mobile (crée en 2007) grâce auquel j’ai été débauché par Deezer en 2008 à leurs début. Je les ai rejoint pour une période de deux ans où nous étions une dizaine à travailler sur le site web, l’application mobile et autres supports.
En 2010 je les ai quitté pour devenir co-fondatrice de la start-up Kontest, une plateforme automatisée de création et gestion de jeux marketing pour les marques souhaitant collecter des données prospects et animer leurs communautés. J’ai co-fondé cette société avec Sylvain Weber, ancien développeur de Dailymotion et de Google. Aujourd’hui nous sommes une quinzaine de collaborateurs à travailler sur cette technologie.
Comment décririez-vous ce que vous faites ?
Mon rôle a totalement changé depuis la création de Kontest. En plus de gérer la société d’un point de vue administratif, aujourd’hui mes efforts se portent sur le produit, l’ergonomie et les retours utilisateurs. Depuis mes débuts en 2004 en tant que graphiste, mes compétences ont mutées selon les besoins des sociétés pour qui j’ai travaillé et bien sûr selon les usages des utilisateurs. Naturellement, mon profil s’oriente aujourd’hui vers un rôle de Product Owner. Je collabore au quotidien avec une équipe de développeurs, designer, marketing, account manager, data analyst. Chacun apporte ses connaissances afin d’améliorer notre produit selon les besoins utilisateurs et les tendances du marché.
Quel a été votre projet préféré lorsque vous étiez étudiante ?
Je me rappelle de l’époque des activistes antipub qui cartonnaient toutes les affiches dans le métro et qui était plus virulent qu’aujourd’hui. Mes premiers essais dans le webdesign date de cette période, en 2002, avec Dreamweaver. J’ai réalisé un site web permettant à chaque militant de fabriquer des outils pour manifester leur mécontentement.
Je me rappelle également d’un projet d’affiche où j’ai détourné l’accroche « mangez cinq fruits et légumes par jour » avec des connotations sexuelles, que bien évidemment les enfants ne remarquaient pas, mais dont ça faisait beaucoup rire les parents.
Quelle est votre dernière belle réussite? / La dernière chose dont vous n’êtes pas satisfaite ?
L’expérience qui m’a le plus marqué était chez Deezer, je suis très heureuse d’avoir participer à cette aventure dès ses premières années de création. Le fait d’avoir pu apporter ma pierre à l’édifice et de participer pleinement à la réussite de cette société est pour moi une grande satisfaction. Même si aujourd’hui il ne reste plus rien de ce que j’ai fait puisqu’il y a des mises à jour tous les six mois et que l’ergonomie change selon les besoins utilisateurs.
- Design des premières application mobile
- Refonte de la plate-forme,
- Player 3D : http://www.interfacesriches.fr/2009/11/05/deezer-et-son-nouveau-player-3d-en-plein-ecran/
- Lancement de Deezer Premium
- Communication interne et externe pour Deezer,
- Réalisation de sites événementiels et d’habillages publicitaires pour les annonceurs (Régie publicitaire DeezerMedia)
Pour ce qui est de l’insatisfaction, c’est surtout pour le côté humain. J’aurais aimé avoir un autre comportement dans certains cas. Je me rends compte aujourd’hui dans mon rôle d’entrepreneuse et avec la maturité que j’ai acquise sur ces dernières années, lorsque j’étais salarié, j’aurais pu agir différemment, avoir plus de compréhension sur certaines problématiques avec certains de mes anciens employeurs… Quand on est salarié, on ne se rends pas compte de toutes la charge de travail et de problématique que doit surmonté un employeur.
À quoi ressemble une journée dans la vie de Jacinthe ?
Professionnellement, ma journée commence avec un Daily qui consiste à se mettre en rond avec toute l’équipe et de se passer une peluche pour avoir la parole durant 1min. Chacun fait le bilan de sa journée passée et des difficultés rencontrés…ou pas. Cela permet d’améliorer la communication entre tous les pôles. Par expérience lorsque j’étais dans d’autres structures, il y avait toujours des conflits par manque de communication entre l’équipe Technique, Communication, Marketing et les Sales.
Je consulte toujours mes mails pour vérifier s’il n’y a pas une urgence, puis j’enchaine sur des services en SAAS (software as a service) comme :
- Zendesk pour les feedbacks utilisateurs
- Trello pour la gestion de projet et Elegantt For Trello pour l’avancement des taches
- Slack qui est relié à d’autres services et pour communiquer avec mes collaborateurs pour vérifier s’ils ont besoin de mon aide et pour préparer les tests des futurs fonctionnalités
Quel est votre prochain projet de design émotionnel ?
J’ai mis en place un blog qui s’appelle emotional.design. L’idée est de répertorier tous les exemples qui sont liés au design émotionnel mais dans différentes catégories : design d’objet, animation dans l’UX, l’architecture, l’interactivité dans les installations artistiques, le stylisme et le son. J’aimerais développer également la notion de comment rendre heureux les gens avec le design, la satisfaction, donc travailler plus en profondeur cette partie.
À long terme j’aimerais développer une application qui regrouperait plutôt des interviews de personnes qui ont travaillé sur des points clés d’un site web, leur démarche, le workflow de la conception…
Vous êtes passée du statut de salariée à celui d’entrepreneuse, avez-vous rencontré des difficultés, si oui lesquelles ?
En quittant mon statut de salariée, ma préoccupation première était le produit : Comment répondre ou résoudre un problème ? Comment satisfaire les professionnels du marketing avec la conception d’une plate-forme ? Je ne me souciais pas du tout du fonctionnement d’une société : l’administration, la comptabilité, les ressources humaines. Avec toutes ces nouveautés, je l’avoue, je me suis prise des claques. Il y avait plein de choses que je ne connaissais pas et que je ne connais toujours pas. Une société évolue tout le temps surtout quand une équipe s’agrandit et mûrit.
Il y a également tout le côté émotionnel dont on ne parle pas assez, le moral d’un entrepreneur est similaire à une « courbe sinusoïdale », c’est à dire que du jour au lendemain tout peut basculer comme tout peut rebondir dans le bon sens comme dans le mauvais. Notre moral n’est jamais constant. Nous devons être exemplaire et toujours énergique pour préserver notre équipe.
Question N°6
C’est l’heure de la question « hasard », vous avez tiré la carte n°6 : Avez-vous déjà mis une « private joke » dans une de vos réalisations ?
Moi non, mais j’ai rattrapé des privates joke au dernier moment avant que cela parte en impression : Un stagiaire avait réalisé la pochette d’un CD, il avait glissé en filigrane des feuilles de cannabis. Il s’est fait un petit peu taper sur les doigts si je puis dire 🙂
Merci Jacinthe !